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Historique général des commutateurs rotatifs de type pas à pas à contrôle indirect :
Les seconds Commutateurs conçus sont électromécaniques et à organes tournants, de la famille des commutateurs à impulsions de contrôle indirect, c'est à dire de type pas à pas à fonctionnement saccadé, mais désormais équipés d'enregistreurs. Ils sont aujourd'hui totalement obsolètes.
Sauf exception et pour ne pas trop complexifier l’ensemble, chaque Commutateur à organes tournants de type pas à pas à contrôle indirect ne peut prendre en charge qu’un maximum de 10.000 abonnés.
Les systèmes rotatifs de type pas à pas à contrôle indirect déployés en France sont :
Commutateurs pas-à-pas avec Enregistreurs - Avantages et Inconvénients : dans le cas des Commutateurs comme les R6 avec enregistreurs, les R6N1, les R6N2, le ROTARY 7D et les L43, les Cadrans Téléphoniques des abonnés ne constituent plus l’organe de commande direct du commutateur, car le Commutateur est équipé d’un étage spécifique constitué par des Enregistreurs qui sont dans un premier temps chargés de mémoriser les numéros de téléphone composés aux cadrans par les abonnés, puis en fonction des numéros demandés vont commander eux-mêmes (ou passer par des Traducteurs intermédiaires) à tour de rôle les sélecteurs nécessaires à l’établissement des communications : le routage.
En comparaison avec un système à contrôle direct, un système à contrôle indirect est sensiblement plus complexe à concevoir et onéreux à fabriquer, mais le fait de mettre désormais en mémoire, dans un Enregistreur, le numéro d'abonné demandé par un appelant permet d'éliminer l'inconvénient majeur des systèmes à contrôle direct. En effet, désormais, une fois le numéro de téléphone de l'abonné mémorisé par le Commutateur, le Commutateur peut ensuite prendre tout son temps pour chercher et trouver un équipement de libre à chaque niveau de sélection. Il n'y a plus d'appels perdus grâce à l'ajout d'un étage d'Enregistreurs !
De surcroît, l’ajout de ces organes spécialisés à la réception de la numérotation provenant du cadran des abonnés permet un comportement plus réactif en fonctionnement et dans de plus larges tolérances et ainsi d’accepter la numérotation provenant de Cadrans Téléphoniques dont les réglages ne seraient pas idéaux : les enregistreurs sont des organes légers et adaptés à la réception rapide des numéros de téléphones, avec peu d'inertie mécanique ; plus légers que le reste des équipements tels que les Sélecteurs de dimensions, de poids et d'inertie plus élevés...
L’étage de l’Enregistreur (ou de l’Enregistreur-Traducteur) permet d’une part de recalibrer la numérotation provenant des cadrans, puis de la délivrer en léger différé aux différents étages de sélecteurs à la cadence idéale et fiabilise ainsi le fonctionnement global du Ccommutateur.
Chaque sélecteur nécessaire effectue alors en pas à pas une rotation angulaire saccadée (et éventuellement un mouvement ascensionnel saccadé suivant les systèmes : cas du Strowger) du même nombre de sauts que celui mémorisé dans chaque Enregistreur, jusqu'à atteindre la bonne position.
Une fois que tous les sélecteurs auront été commandés par les Enregistreurs et que l'abonné demandé aura éventuellement décroché son téléphone, la communication sera établie et dûment taxée.
L'ensemble des Sélecteurs ainsi utilisés restent mobilisés durant toute la durée de la conversation, et ne peuvent plus être utilisés par d'autres abonnés. Cette immobilisation des ressources pose problème : c'est ici la grande limitation de la capacité d'écoulement des commutateurs rotatifs de tous les types, d'autant qu'ils ne peuvent pas être miniaturisés...
Dans tout système équipé d’Enregistreurs et de Traducteurs, ou d’Enregistreurs tenant lieu également de Traducteurs, l’Organe de Commande du Commutateur est bel et bien constitué par l’ensemble des Enregistreurs et des Traducteurs qui le composent.
Obtention de la tonalité d’invitation à numéroter : rôle des Chercheurs dans les systèmes à organes tournants.
Alors que nous sommes tous habitués depuis plusieurs décennies à obtenir la tonalité d’invitation à numéroter dès le décrochage du combiné téléphonique, il n’en a pas toujours été ainsi. En effet, dans les Commutateurs téléphoniques à organes tournants (tous systèmes confondus), l’obtention immédiate de la tonalité au décrochage n’est ni immédiate, ni garantie…
Lorsqu’un abonné raccordé à un commutateur rotatif va décrocher son combiné, la ligne téléphonique se ferme, le courant électrique est établi et son impédance diminue.
Dans n’importe quel type de Commutateurs, il n’y a jamais un détecteur de prise de ligne affecté en permanence à chaque ligne téléphonique. En revanche, il y a un certain nombre de chercheurs primaires (ou de présélecteurs) qui analysent successivement à intervalle régulier le parc de lignes téléphoniques raccordés.
Alors que dans les systèmes ultérieurs, la position de chaque ligne est analysée à intervalle régulier toutes les quelques millisecondes voire microsecondes, dans les systèmes à organes tournants, il y a des groupes de chercheurs primaires qui sont des organes rotatifs qui vont, eux aussi, analyser les lignes téléphoniques successivement à intervalle régulier, en balayant 24 heures sur 24 les positions de tous les abonnés, mais à un vitesse très lente.
Ainsi, il n’est pas rare de devoir attendre plusieurs secondes qu’un chercheur primaire s’arrête sur l’abonné qui a décroché son téléphone, pour que le chercheur s’immobilise sur cette position en ayant détecté électriquement le décrochage de l’abonné considéré.
Ensuite, le chercheur secondaire, qui est associé à son chercheur primaire doit lui aussi trouver, en tournant très lentement, une position d’accès à un enregistreur libre.
Ce n’est que lorsqu’un chercheur primaire et un chercheur secondaire croisent d’une part la ligne décrochée de l’abonné et d’autre part un enregistreur libre du commutateur téléphonique, que la tonalité d’invitation à numéroter au cadran téléphonique est alors envoyée sur le poste téléphonique de l’abonné.
De surcroît, dans les zones à forte densité d’abonnés et pendant les heures de pointe (heures de bureau et début de soirées) le nombre de chercheurs disponibles par groupe d’abonnés et par groupe d’enregistreurs se révèle notoirement insuffisant, et il n’est alors pas rare de ne pas pouvoir obtenir de tonalité : le téléphone de l’abonné, bien que sous tension, reste muet...
À l'heure actuelle, et depuis plus de vingt ans, lorsqu’un tel événement se produit, d’ailleurs très rarement, il s’agit soit d’un dérangement de la ligne téléphonique considérée, soit d’une panne sérieuse dans tout ou partie du commutateur de rattachement. Mais à l’époque des centres téléphoniques à organes tournants, ceci était la norme.
Risque de surcharge des commutateurs à organes tournants :
Dans un Commutateur à organes tournants, le risque de panne par surcharge exceptionnelle momentanée qui se produirait si presque tous les abonnés décrochaient leur téléphone en même temps est à peu près nul. En effet, si tel était le cas, la quasi totalité des abonnés se retrouverait avec une ligne téléphonique inerte ; excepté quelques rares privilégiés qui auraient eu la chance par ce "tirage au sort" de recevoir la tonalité d'invitation à numéroter...
Mais le danger réel est tout autre : en cas de surcharge du Commutateur durant des heures entières sans discontinuer, et aux limites absolues de leur capacité d'établissement et d'écoulement des communications, les organes tournants tournent alors sans arrêt si bien qu'ils finissent au bout de plusieurs heures par s'échauffer par effet de frottement mécanique...
Si un délestage d'urgence (un arrêt total ou partiel du Commutateur, entraînant la coupure des abonnés) n'est à ce moment là pas décidé par l'équipe de commutants présente sur place dans la salle du commutateur, le système peut en arriver à un point où tout le Commutateur devient si brûlant qu'il finisse par prendre feu, et être détruit en totalité, y compris le bâtiment qui l'héberge !
Ceci fut notamment le cas du Commutateur L43 de Nancy-Stanislas II, mis en service le 7 juillet 1951, qui, saturé en permanence, a brûlé quelques mois seulement après sa mise en service... Les mauvaises langues parlaient de matériel flambant neuf...
R6 (Avec Enregistreurs de numéros) mis en conception pour les villes de province de plus grande importance dès 1930 après avis du Comité Technique des PTT rendu le 21 février 1930, ce système est aussi un hybride qui s'inspire des systèmes Rotary et Strowger, mais il est simplifié et moins coûteux que ceux-ci. Bien qu’étant plus coûteux qu'un R6 à contrôle direct, il permet une meilleure souplesse dans l'acheminement des communications, tout en restant moins performant que les ROTARY 7A, 7A1 et 7A2.
Un Commutateur R6 avec enregistreurs est un Commutateur R6 à contrôle direct dont les Orienteurs du premier étage de sélecteurs ont été remplacés par des Enregistreurs simplifiés de numéros qui commandent en différé, après analyses des préfixes par blocs de chiffres, les Orienteurs des étages de Sélecteurs suivants pour acheminer de manière plus souple et plus optimale les communications en son propre sein pour les abonnés locaux, ou vers les centres de transit pour les abonnés plus éloignés.
Nota : en comptabilisant les Commutateurs R6, qu'ils soient à contrôle direct, ou à contrôle indirect par Enregistreurs, en incluant les petits bureaux satellites semi-automatiques-ruraux, le parc atteint 140 Commutateurs R6 en 1939 à la veille de la seconde guerre mondiale.
Ci-dessus : Commutateur de Biarritz R6 Avec Enregistreurs.
Photographie CTTH - 1934 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : vue d'ensemble du Commutateur Bordeaux-Aquitaine R6 Avec Enregistreurs.
Héliogravure CTTH.
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ROTARY 7D un prototype expérimental est mis en service le 17 juillet 1937 à Angers, dans le Centre Téléphonique Angers-Roosevelt, en vue d'équiper ultérieurement la grande banlieue de Paris par la société LMT (Seine-et-Marne, Oise...), mais n'est finalement pas retenu en France par l'Administration des PTT pour déploiement en raison de son coût. (Nota : D'une capacité initiale de 3.200 lignes, étendu à 3.500 lignes en Mai 1942, ce Commutateur a été très endommagé le 10 août 1944 par l'occupant allemand. Étendu à 4.500 lignes en Juillet 1947, il atteint sa capacité maximale de 6.000 lignes en Avril 1957. Il est secondé à partir du 5 octobre 1964 par un Commutateur Pentaconta, puis finalement supprimé le 5 décembre 1977.)
En revanche, il est retenu dès le début des années 1930 par la compagnie française de chemins de fer d'Alsace-Lorraine, pour leurs réseaux de télécommunications internes, notamment dans les grandes gares - Strasbourg étant la première gare équipé ; il en est de même pour la Compagnie des Chemins de Fer de l'État - Gares de Paris Saint-Lazare, Montparnasse...
Le système ROTARY 7D est par contre massivement déployé dans les campagnes de Grande-Bretagne ainsi qu'en Suisse et constitue un meilleur produit que notre système automatique-rural en déploiement dans nos campagnes à partir de 1935, adopté par l'énergique Ministre des PTT d'alors : Georges Mandel, système qui n'avait hélas d'automatique que le nom.
Malheureusement, le système automatique-rural (qui utilise en partie le matériel R6) adopté en France par le décret du 19 juillet 1935 (BO PTT 1935 n°23 page 509) a en fait accru le retard d'automatisation du réseau téléphonique français dans sa globalité, par rapport au reste de l'Europe qui n'a pas retenu cette demi solution à coût réduit.
Le système automatique-rural a même par la suite, dans les années soixante, retardé l'automatisation totale des provinces. Par exemple, en 1968, est mis en service un centre automatique-rural à Corté, dans le département de Corse...
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Ci-dessus : vue du Commutateur ROTARY 7D de la Gare de Paris Montparnasse en 1935. (Cliché LMT, collection C. R-V.)
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R6 N1 (normalisé type 1 - à enregistreurs - traducteurs à relais). Modernisation des Commutateurs R6 à Enregistreurs, elle est mise en étude à partir de 1944. Normalisation issue de la recommandation du Conseil Technique des PTT réuni en séance le 18 mars 1948, ces Commutateurs ROTATIF 1926 Normalisés de type 1 sont équipés de nouveaux Enregistreurs-Traducteurs théoriquement aussi efficaces que ceux des ROTARY 7A1 utilisés dans le réseau parisien, afin de préparer l’automatisation à venir de l’interurbain.
Ci-dessus : modèle d'Enregistreur-Traducteur pour systèmes R6N1.
Photographie PTT - 1953 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : Technicien en intervention sur un Enregistreur-Traducteur de Commutateur R6N1.
Photographie PTT - Janvier 1954 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : vue d'ensemble du Commutateur R6N1 Rouen - Jeanne d'Arc 1.
Photographie PTT - Mai 1955 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : vue partielle en perspective du Commutateur R6N1 Rouen - Jeanne d'Arc 1.
Photographie X - Août 1949 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : travées de Chercheurs du Commutateur R6N1 Rouen - Jeanne d'Arc 1.
Photographie X - Août 1949 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : travées de 1er Chercheurs-Sélecteurs et alimenteurs urbains du Commutateur R6N1 Rouen - Jeanne d'Arc 1.
Photographie CGCT - 1949 - Coll. Orange DANP.
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Tables de supervision et d'essais du Commutateur R6N1 Rouen - Jeanne d'Arc 1.
Photographie X - Août 1949 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : Travée d'Enregistreurs-Traducteurs interurbains et leurs circuits associés du Commutateur R6N1 Rouen - Jeanne d'Arc 1.
Photographie PTT - Mai 1955 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : vue d'une travée du Commutateur R6N1 de Rouen - Jeanne d'Arc 1.
Photographie PTT - Mai 1955 - Coll. Orange DANP
(in : encyclopédie des PTT 1957, éd. Rombaldi)
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Ci-dessus : vue de côté du Commutateur R6N1 de Rouen - Jeanne d'Arc 1.
Héliogravure CGCT.
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Ci-dessus : vue côté précâblage de deux travées du Commutateur R6N1 de Rouen - Jeanne d'Arc 1.
Photographie PTT - 1951 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : diverses vues du Commutateur R6N1 Rouen - Jeanne d'Arc 1.
Photographies PTT - 1951 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : diverses vues du Commutateur R6N1 Rouen - Jeanne d'Arc 1.
Photographies PTT - Décembre 1954 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : vues de travées du Commutateur R6N1 Dijon - Grangier 1 (DJ503/DJ10).
Photographie Collin - 1952 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : vue d'ensemble du Commutateur R6N1 de Lyon (Lyon-Franklin ou Lyon-Gailleton).
Héliogravure CGCT.
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Ci-dessus : vue d'ensemble du Commutateur R6N1 de Montpellier.
Héliogravure CGCT.
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Ci-dessus : chaîne de montage des baies de Commutateurs R6N1.
Héliogravure CGCT - circa 1953.
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Ci-dessus : Compteurs de Taxes d'un Commutateur R6N1.
Photographie PTT - Février 1955 - Coll. C. R-V.
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R6 2FR (Centre Interurbain Automatique de Départ - 2FR - Fruchou & Ribaud).
La modernisation d'après-guerre du matériel R6 a permis, grâce à l'ingéniosité de deux personnalités des Télécommunications françaises auxquelles il convient de rendre un hommage appuyé, de résoudre les difficultés jugées jusques alors insurmontables de l'établissement des commutations téléphoniques de longue distance par voie entièrement automatique.
Alors que la Zone Automatique de Paris et de Région Parisienne utilise la signalisation par impulsion de contrôle inverse, l'essentiel de la Province (hors Marseille et Nantes) utilise la signalisation par impulsion de contrôle direct ou indirect (le système pas-à-pas sans enregistreur ou avec enregistreurs).
Du coup, même les sociétés les plus éminentes en matière téléphonique, telles que la société Le Matériel Téléphonique (LMT), la Compagnie Générale de Constructions Téléphoniques (CGCT ex-Compagnie des Téléphones Thomson-Houston depuis le 30 mars 1940) - toutes deux filiales du géant ITT ; la Société Française des Téléphones Ericsson (SFTE) - filiale du géant suédois Ericsson, ainsi que la compagnie des téléphones américaine ATT considèrent alors comme insoluble la situation.
Même les Ingénieurs des Bell-labs aux USA considèrent après moult essais infructueux, la chose comme relevant de l'impossible.
Il est donc fait constat d'échec de toutes ces puissantes organisations à rendre le téléphone interurbain automatique... Ni en France ni ailleurs dans le monde.
Pour tous ces acteurs, le téléphone interurbain devait demeurer manuel pour encore de très longues décennies.
L'interurbain automatique ? Les industriels des télécommunications et leurs ingénieurs n'y croient pas.
Aucun des grands industriels ne voulut donc se lancer dans l'aventure...
Ce fut sans compter sur MM. les Ingénieurs des PTT - Jean Ribaud et Jean Fruchou qui prirent le problème à bras le corps dès 1945 et commencèrent une série d'études qui aboutirent à assembler différents matériels expérimentaux...
Il leur apparut assez rapidement que l'utilisation du matériel R6 donnait les meilleures chances de mise en compatibilité de réseau de Paris avec ceux de Province.
Tout d'abord réservée à un seul centre téléphonique, Paris-Ségur, avec ses deux Commutateurs ROTARY 7A1 d'abonnés Ségur et Suffren, les deux ingénieurs réussissent à ouvrir à l'exploitation interurbaine expérimentale de ce centre parisien vers Fontainebleau, Lille et Roubaix dès le 5 novembre 1946 en réalisant une première maquette-type de ces nouveaux équipements...
Ayant donc réussi à résoudre les obstacles de l'adaptation des différents types de signalisation en vigueur entre Paris et la Province assez proche, le Comité Technique des PTT du 17 décembre 1946 décide d'engager le processus de généralisation à tous les abonnés de Paris et confie naturellement la conception et le suivi du projet à MM. les Ingénieurs des Télécommunications - Jean Ribaud et Jean Fruchou, forts de leur premier succès.
Toutefois, une seconde expérimentation locale de même nature sera mise en œuvre avec succès à partir du centre téléphonique Paris-Littré, avec son Commutateur ROTARY 7A1 Littré et sa série Babylone fictive à l'été 1948 qui confirmera le principe de reproductibilité du procédé.
Passées les expérimentations préliminaires, est alors engagée la construction du premier centre de transit téléphonique interurbain automatique longue distance de France, et du monde.
Il s'agit de la modeste Association des Ouvriers en Instruments de Précision (AOIP) qui sera chargée de fournir les différents organes du Commutateur de cette nouvelle catégorie, suivant les instructions précises de nos deux Ingénieurs, avec du matériel de type R6 Normalisé d'après-guerre, similaire à celui qui sera mis en service à Rouen le 7 mai 1949.
Le Commutateur sera entièrement construit par les équipes d'ingénieurs, de techniciens et d'ouvriers du service du montage de la Direction du Service Téléphonique de Paris, c'est à dire par des fonctionnaires des PTT, fait très inhabituel rendu nécessaire pour contrer le refus collectif et unanime des grands constructeurs à se lancer dans une telle aventure...
Il est à noter que les organes Enregistreurs-Traducteurs interurbains nécessaires à ce Commutateur très spécial seront conçus par nos deux Ingénieurs MM. Ribaud et Fruchou.
Ci-dessus : Travée d'Enregistreurs-Traducteurs interurbains du Commutateur 2FR.
Photographie PTT - Juin 1952 - Coll. Orange DANP.
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Ce Commutateur est implanté dans le complexe téléphonique national et international de Paris-Inter-Archives (PIA) précisément dans une partie de l'immeuble Dabout.
Nommé officiellement 2FR, des initiales du nom de famille de leur deux ingénieurs-concepteurs Fruchou & Ribaud en leur honneur, le Commutateur 2FR est mis en service le 26 mai 1951 pour tous les abonnés de Paris.
Le Commutateur Interurbain 2FR est doté d'une capacité de 200 circuits de départ, c'est à dire qu'à plein rendement, il peut acheminer jusqu'à 200 communications interurbaines au départ de Paris, simultanément. Capacité inédite pour cette époque...
Ci-dessus : inauguration de la première liaison téléphonique Interurbaine à très-grande distance Paris - Lyon (500 km), dans les locaux du Commutateur Interurbain 2FR.
Photographie AOIP - 30 novembre 1951 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : quelques vues du Commutateur Interurbain 2FR.
Photographies PTT - Janvier 1953 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : la Table d'Essais et Mesures des Jonctions du Commutateur Interurbain 2FR.
Photographie PTT - Janvier 1953 - Coll. Orange DANP.
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Secondé dans le trafic interurbain à partir du 18 janvier 1958 par un second centre de plus grande capacité (le CIAD Paris Bonne-Nouvelle) pour de nouvelles destinations, le Commutateur 2FR fut à partir de 1959 reconverti en Centre de Transit téléphonique Régional, et sera désormais utilisé pour écouler une partie du trafic téléphonique régional entre Paris intra-muros et la deuxième couronne.
La première destination interurbaine automatique au départ de Paris étant la ville de Fontainebleau, à titre expérimental, le Commutateur R6 Sans Enregistreur (R6 simple) mis en service en Juin 1942 doit faire l'objet d'importantes modifications.
En effet, il va s'avérer nécessaire de l'équiper de circuits d’Enregistreurs Urbains et d'Enregistreurs Interurbains d'arrivée, ainsi que de matériel capable d'assurer la Taxation Interurbaine semblable au Commutateur Automatique Interurbain R6 2FR.
En résumé, le Commutateur R6 de Fontainebleau doit devenir "intelligent" afin de pouvoir dialoguer avec Paris, en automatique à partir du 26 mai 1951...
Sa mise hors service intervient le 23 mars 1966.
Ci-dessus : Commutateur R6 Fontainebleau adapté au fonctionnement interurbain.
Photographies PTT - 31 janvier, 27 juin et 17 novembre 1952 - Coll. Orange DANP.
SRCT, de l'acronyme Service des Recherches et du Contrôle Technique l'ayant conçu, est un petit autocommutateur fabriqué à partir de matériel R6, de catégorie secondaire et en conséquence destiné au déploiement dans les campagnes, dans le but de remplacer le système dit automatique-rural qui était en fait semi-automatique déployé à partir de 1935 sur instruction de Georges Mandel, Ministre des PTT. Ce système, au lieu d'avoir été conçu par un industriel comme l'ont été tous les précédents, est le premier conçu au sein de l'Administration des PTT. Conçu par l'Ingénieur en chef des Télécommunications Albert de Villelongue, le SRCT permet d'automatiser les campagnes.
Il s'agit d'un véritable Commutateur à autonomie d'acheminement (et non pas d'un concentrateur de lignes) ; si l'abonné appelant et l'abonné appelé appartiennent au même Commutateur SRCT, la communication est alors établie par ledit commutateur SRCT. Si l'abonné demandé est extérieur, la communication est acheminée vers le centre de groupement (nodal) de rattachement.
- La capacité typique de raccordement est de 200, 400 ou 900 lignes d’abonnés au maximum suivant les variantes.
- La portée de raccordement entre un Commutateur SRCT et un centre nodal est de 40 km maximum.
- Une ou plusieurs "centaines" d'abonnés peuvent être déportées (détachées) du cœur jusqu'à 20 km de distance pour constituer un sous-centre, mais ce sont autant de "centaines" qui sont à déduire de la capacité totale maximale du Commutateur SRCT.
Ci-dessus : prototype laboratoire du système SRCT de 1949.
Photographie PTT - 1949 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : Commutateur SRCT de Perros-Guirec.
Photographie PTT - 1950 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : Commutateur SRCT de Mériel.
Photographie PTT - Printemps 1952 - Coll. C. R-V.
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Vue d'une plaque signalétique d'un Commutateur SRCT. Collection C. R-V.
Ci-dessus : Maquette d'études du système SRCT installée dans les laboratoires de Commutation téléphonique d'Issy-les-Moulineaux.
Photographie PTT - Septembre 1951 - Coll. C. R-V.
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L 43 (nom complet : LESIGNE 43) est un Commutateur, mis en conception par la Compagnie Industrielle des Téléphones, sous la responsabilité de M. l'Ingénieur Henri Louis Lesigne à partir de l'année 1943, utilisant le même matériel que le R6 N1 mais adopte un principe de sélection différent, sans dispositif Orienteur. En effet, dans ce système, les sélecteurs sont actionnés directement par les enregistreurs, à l’aide d’un réseau de commande par fils distincts des fils véhiculant les conversations téléphoniques, ce qui permet d'économiser des baies d'équipements et de faire théoriquement baisser le coût des Commutateurs.
Le 22 janvier 1948, le Conseil Technique des PTT propose de faire construire un prototype L43 à Nancy.
Officiellement, le Conseil Technique des PTT adopte dans son avis du 6 octobre 1950 le système L43.
Il est alors affirmé jusque dans la presse que le prix de revient du système L43 serait deux fois moins cher que celui du système ROTARY 7A1 américain, et permettrait de se délivrer de la mainmise U.S. en matière de télécommunications. La réalité sera tout autre.
La mise au point de ce type de Commutateur téléphonique assez complexe nécessite même la création d'une Commission le 9 octobre 1950 chargée de contrôler le fonctionnement de l'autocommutateur de Nancy équipé en système automatique L43. Cette commission est notamment composée de MM. Charles Lange, Jean Rouvière et Pierre Marzin, qui sont ou seront tous trois Directeurs Généraux des Télécommunications.
R6 N2 (normalisé type 2 - à enregistreurs et muni de traducteurs séparés et à relais), issu des évolutions du L43. Comme les enregistreurs-traducteurs du R6N1 n'ont finalement pas donné entière satisfaction en interurbain, il a été décidé de séparer la fonction Enregistreur de la fonction Traducteur.
Désormais, 90 Enregistreurs seront contrôlés par seulement 2 Traducteurs à relais. En fait, cette nouvelle architecture autorise une nouvelle amélioration du routage des communications interurbaines par voie automatique : il faut savoir qu'un Traducteur n'est utilisé pour établir une communication, que durant une fraction de seconde ; d'où le fait de pouvoir profiter de la séparation de la fonction de traduction de celle d'enregistrement pour pouvoir réduire le nombre de Traducteurs dans un Commutateur R6N2 (simplification du commutateur et baisse de prix), mais par la même occasion construire des Traducteurs beaucoup plus perfectionnés (ce qui revient à privilégier la qualité sur la quantité).
Ci-dessus : le Commutateur R6N2 de Poitiers - Grailly 1 (PT10).
Photographie PTT - 25 novembre 1958 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : le Commutateur R6N2 de Poitiers - Grailly 1 (PT10).
Photographie PTT - 25 novembre 1958 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : Tables d'Essais des organes du Commutateur R6N2 Poitiers-Grailly 1 (PT10).
Photographie PTT - 25 novembre 1958 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : divers organes du Commutateur R6N2 Poitiers-Grailly 1 (PT10).
Photographies PTT - 25 novembre 1958 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : divers organes du Commutateur R6N2 Poitiers-Grailly 1 (PT10).
Photographies PTT - 25 novembre 1958 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : travée du Réseau de ConneXion du Commutateur R6N2 Orléans-Grenier à sel (OR503) - caches anti-poussière présents.
Photographie PTT - Fin Janvier 1959 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : un bloc de 3 Enregistreurs Interurbains du Commutateur R6N2 Orléans-Grenier à sel (OR503).
Photographie PTT - Fin Janvier 1959 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : les deux Traducteurs Interurbains du Commutateur R6N2 Orléans Grenier-à-Sel (OR503).
Photographie PTT - Fin Janvier 1959 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : Relais de traduction du Commutateur R6N2 Orléans-Grenier à sel (OR503) - caches anti-poussière absents.
Photographie PTT - Fin Janvier 1959 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : baie de Joncteurs de départ du Commutateur R6N2 Orléans-Grenier à sel (OR503) vers les autres Commutateurs, d'autres localités.
Photographie PTT - Fin Janvier 1959 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : baie de Joncteurs de départ du Commutateur R6N2 Orléans-Grenier à sel (OR503) vers les petits Commutateurs (sous-centres) des petits localités autour d'Orléans.
Photographie PTT - Fin Janvier 1959 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : les 4 baies des Essais Systématiques des organes du Commutateur R6N2 Orléans-Grenier-à-sel (OR503).
Photographies PTT - Fin Janvier 1959 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : les 3 baies des Essais des Jonctions reliées au Commutateur R6N2 Orléans-Grenier-à-sel (OR503).
Photographie PTT - Fin Janvier 1959 - Coll. C. R-V.
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Concernant le cadran français spécifique à 11 trous, utilisé pour tester les Commutateurs de type R6, merci de se reporter au chapitre XVI.
Histoire des Télécommunications Françaises © Claude Rizzo-Vignaud, 6 août 2023.