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Nous nous proposons de réaliser l'étude la plus poussée des différents plans de numérotage successifs qui aient (eu) cours en France depuis le début du téléphone ouvert au public.
Sans notions sur le plan de numérotation, il est impossible de comprendre ce qu’est le réseau du téléphone automatique. La numérotation téléphonique incarne au moins autant le Réseau Téléphonique Commuté que l’ensemble des commutateurs qui le composent, en permettant le routage des communications téléphoniques jusqu’à destination. Un plan de numérotage doit être vu comme une programmation logicielle à l’échelle d’un pays entier. Un plan vit, un plan évolue, un plan s’adapte aux réalités du territoire et des habitants qui y vivent.
(Photographie : C. R-V - Cadran : Coll. C. R-V)
En 1970, sous l’impulsion de M. le Directeur Général des Télécommunications - Pierre Marzin, débute l’étude d’un nouveau plan de numérotage national à venir, en raison de la saturation prévisible dans les zones à forte densité de population qui point.
Situation particulièrement complexe du Téléphone en 1970, (Automatique, Semi-Automatique, Manuel, Automatique-Rural se partagent le réseau) au départ de la Circonscription de Taxe de Paris, tirée de l' Annuaire des abonnés au téléphone de Paris - 1970.
En 1972, sous l'impulsion du nouveau Directeur Général des Télécommunications - M. Louis-Joseph Libois, est créée au début de cette année une Commission chargée de préparer un Nouveau Plan de Numérotage. Cette Commission se réunit pour la première fois dès le 15 février 1972 et ouvre officiellement ses travaux.
Fin 1973, la France demeure toujours découpée en 80 Zones Régionales de Numérotage (même si quelques découpages géographiques et quelques renumérotations d'indicatifs interurbains se produisirent depuis 1955.)
Ci-dessus : tableau des indicatifs interurbains AB en vigueur en Août 1973.
(source : Documents d'Information des Télécommunications)
Ci-dessus : Plan des indicatifs interurbains AB en vigueur vers 1975-76.
(source : CNET)
De 1974 jusqu’en 1981, l’administration des télécommunications constatant les graves signes de faiblesse du plan de numérotage téléphonique de 1955 décide d’agir via la note circulaire n° T59 du 27 mai 1974 de M. le Directeur Général des Télécommunications - Gérard Théry.
En effet, il est constaté d’une part que certaines zones à faible densité de population mobilisent des indicatifs de Zones de Numérotage de Département (AB) qui ne seront jamais employés à pleine capacité dans ces départements et d’autre part que certains territoires ont vu en une génération leur population et leurs besoins en ressources téléphoniques exploser.
Le principe est de réduire le nombre de Zones de Numérotage de Département (AB) en fusionnant les plus "désertiques", et de récupérer ainsi quelques indicatifs (AB) qui pourront être réutilisés ailleurs dans des zones à forte densité de population.
Ainsi, les zones à faible densité de population sont dénumérotées puis renumérotées en les regroupant sur un nombre plus réduit d’indicatifs de Zones de Numérotage de Département (cas des départements montagneux, par exemple).
Liste des cas de regroupements de départements intervenus à partir de 1974, en vue de récupération d’indicatifs (AB), et / ou d’opérations ultérieures plus complexes :
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Les indicatifs AB récupérés sont ensuite réutilisés comme second ou troisième indicatif dans les zones à forte densité téléphonique, ou pour des opérations encore plus complexes.
Évidemment, lorsqu'un indicatif AB est récupéré de quelque part, il faut le laisser inutilisé durant un certain nombre de mois, afin d'éviter les faux numéros en masse. En effet, réaffecter immédiatement un AB sur un nouveau département entraînerait trop d'erreurs de numérotation "par habitude". Durant cette période de réapprentissage des abonnés, il est nécessaire de renvoyer toute tentative de numérotation vers ces AB vers des répondeurs téléphoniques du type : "le numéro que vous avez demandé n'est plus en service actuellement..."
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Grâce aux indicatifs (AB) ainsi libérés il est possible d’agir de plusieurs manières différentes :
1) Réaffectation telle quelle dans d’autres départements plus peuplés des indicatifs (AB), pour créer dans ces zones à forte densité de nouveaux numéros régionaux supplémentaires à 6 chiffres. Mais cette solution n’est valable que pour une Zone Régionale de Numérotage si l’on dispose encore de préfixes PQ disponibles (dont la limite par ZRN est fixée à 90) pour créer par exemple quelques nouveaux commutateurs ou quelques extensions à certains endroits précis d’une ZRN concernée par une explosion démographique localisée.
Cas des Bouches-du-Rhône :
À partir de l'année 1972, en raison de l'accroissement de la densité téléphonique géographiquement très mal répartie dans les Bouches-du-Rhône (certains endroits devenant ultra peuplés, d'autres restant quasiment déserts), la situation devient intenable dans ce département.
Cas de la Gironde :
2) Anticipation de la Nouvelle Numérotation Téléphonique 2ème Phase dans certains départements complètement saturés sur toute leur surface géographique, malgré la récupération dès 1974 d’indicatifs (AB) supplémentaires issus de Zones de Numérotage de Département à faible densité de population, de ce qui constituera la nouvelle numérotation téléphonique prévue pour 1985,
Cas de la région Nord / Pas-de-Calais :
Cas des départements de Savoie et de Haute-Savoie :
3) Création, par étapes, de nouvelles ZRN transitoires avec un numéro régional à 7 chiffres, sur le modèle de l’Île-de-France, accompagné d’un indicatif à 1 chiffre. Ainsi dans une nouvelle ZRN à 7 chiffres, plusieurs combinaisons supplémentaires de BPQ peuvent être créées en plus de celles existantes, d’autant plus qu’une ZRN à 7 chiffres ne peut pas être chevauchée par d’autres ZRN à 6 chiffres.
Cas de la Lorraine :
Cas de l'agglomération lyonnaise et alentours :
4) Création de Zones Spéciales.
Cas de l'Île-de-France en vue du rééquilibrage entre Paris et la 2ème couronne, puis de la future numérotation à 8 chiffres du 25 octobre 1985.
Lors de sa création en 1955, la ZRN à 7 chiffres de la Région Parisienne possède un seul (A)=(1). La Région Parisienne se compose, téléphoniquement, des départements de la Seine (75), de la Seine-et-Oise (78), de la Seine-et-Marne (77) et de l'Oise (60).
Division de la ZRN à 7 chiffres existante d’Île-de-France en 3 Zones Spéciales dès le 30 mars 1980 avec les indicatifs :
Cette solution astucieuse permettra de pouvoir doubler dès le passage à la numérotation à 8 chiffres (le 25 octobre 1985) la quantité de numéros de téléphones disponibles pour l'Île-de-France sans trop modifier les habitudes des usagers d’Île-de-France.
Dès le 10 mars 1980, la région Île-de-France est vue de province comme étant formée de trois ZRN différentes à 7 chiffres, mais de l’intérieur de l’Île-de-France, la région est vue comme une seule ZRN à 7 chiffres. Jusqu'au 25 octobre 1985, les abonnés d’Île-de-France continuent donc à se téléphoner entre eux en utilisant les numéros régionaux de leurs correspondants à 7 chiffres BPQ MC DU, comme si rien n'avait changé.
Entre le 30 mars 1980 et le 25 octobre 1985 la création de cette Zone Spéciale n'apporte aucune création possible de nouveaux numéros supplémentaires :
À partir du 25 octobre 1985, il pourrait exister à terme :
Cas de l'Oise, assez complexe, à cheval entre l'Île-de-France et la Province.
5) Séparation de deux départements initialement groupés en 1955 :
En 1955, 16 départements alors peu peuplés sont fusionnés par paire dès l’origine du Plan de numérotation.
Si certains doublets de départements ont été refusionnés avec un autre département (Cas de la Meurthe-et-Moselle regroupée avec un nouveau département : la Moselle en lieu et place de la Meuse, ou encore cas de la Haute-Saône regroupée avec le Jura), deux départements ont été purement et simplement séparés, pour gagner suffisamment de combinaisons de numéros de téléphones possibles.
Il est à noter qu'au moment des études en 1974 et 1975 sur la réforme du plan de numérotage à venir, il est sérieusement envisagé de passer par une étape intermédiaire de renumérotage général des indicatifs (AB) pour que ceux-ci suivent enfin les même numéros minéralogiques départementaux. Mais il n'en sera rien pour les raisons suivantes :
Entre les impératifs technologiques et les troubles politiques qu'engendrerait une telle solution, ou certains départements pourraient adopter en indicatif (AB) leur propre numéro minéralogique de département, et ceux qui ne le pourraient pas, cette option n'a pas pu être retenue. L'administration devra se contenter de mener des études visant à anticiper les lieux de saturations les plus pressants à traiter et d'organiser, plus ou moins dans l'urgence des plans d'actions pour pouvoir patienter jusqu'en 1985 environ, date à laquelle il est déjà prévu de devoir changer de format de numérotage.
En 1978, le 15 mars, la décision définitive est prise par M. le Directeur Général des Télécommunications - Gérard Théry de valider le passage à la numérotation à 8 chiffres pour toute la France à la date prévisionnelle d’Octobre 1985. M. l’ingénieur en Chef des Télécommunications - Denis Fraysse, ayant repris le projet depuis 1975, a supervisé le projet d’adaptation du réseau téléphonique et spécialement des Commutateurs pour la somme de 5 milliards de francs (somme élevée, mais à comparer à la valeur du réseau téléphonique français évaluée à 250 milliards de francs en 1983).
Trois scenarii sont alors en lice depuis le début des travaux ouverts depuis le 15 février 1972 :
La solution n°3 est adoptée le 15 mars 1978, mais compte-tenu de la tâche à accomplir, la décision est prise de retarder de plusieurs années la division de la Province en 4 zones. Ainsi donc, à titre transitoire, la France irait assez rapidement vers une solution intermédiaire à 2 zones :
Le but étant d'éviter la saturation en Île-de-France menacée d'asphyxie à moyen terme et soulager les zones tendues en Province (Nord de la France, Est, Agglomération lyonnaise, Marseille...)
En 1980, les chaînes de facturation sont adaptées à la future numérotation à 8 chiffres.
Jusqu’en 1985, la France est alors découpée en 70 Zones Régionales de Numérotage.
Alors qu'en 1975, le délai moyen de raccordement au réseau téléphonique était de 18 mois, il tombe à 15 jours seulement en 1980.
Ci-dessus : représentation du plan de numérotage de 1955 réaménagé en urgence entre 1974 et 1980, en vigueur jusqu'en fin 1981.
(Source : Les Télécommunications Françaises, 1982, éd. Ministère des PTT)
En 1981, le 15 janvier 1981, le numéro de téléphone 14, jusque là affecté au Télégraphe depuis environ 1928 et mis en réserve le 5 novembre 1979, est réaffecté au réseau des Agences Commerciales des Télécommunications. (ACTEL)
Ci-contre : initiative locale vers 1981-82, au tout début du 14 - promouvant l'Agence Commerciale des Télécommunications -
Le Service du Télégraphe est renommé Télégrammes Téléphonés et devient accessible par le 444.11.11 en zones à 7 chiffres et 44.11.11 ou en 34.11.11, ou en 00.11.11 en zones à 6 chiffres à partir du 1er septembre 1979, puis, ultérieurement par le 36.55 (jusqu'à sa fermeture le 1er mai 2018).
Le 22 septembre 1981 est ouvert à l'expérimentation le service Libre Appel à vocation commerciale (Numéro Vert, appels gratuits.)
En 1982, la circulaire du 14 mai 1982 (B.O 1982. 192T41 page 295) annonce la mise en service du nouveau plan de numérotage le 1er juillet 1985. Cette date sera ultérieurement repoussée au 25 octobre 1985.
À partir de la fin de l'année, 50.000 agents des télécommunications reçoivent une formation sur la Nouvelle Numérotation Téléphonique, 2ème phase à venir. Ces formations seront dispensées jusqu'à l' été 1985.
En 1983, le 15 juin est commercialisé le nouveau service "Numéro Vert - Appels Gratuits" commençant par le 16.05.
Ci-dessus : installation du Numéro Vert International (structure de Déviateurs d'Appels), au Centre International de Reims.
Photographie FT - Septembre 1994 - Coll. C. R-V. Don de Benoît Dejneka.
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En Janvier 1983, M. Denis Fraysse est nommé Délégué au Nouveau Plan de Numérotation par M. le Directeur Général des Télécommunications - Jacques Dondoux. M. Fraysse sera donc le "chef d'orchestre" du passage à 8 chiffres en France.
De Septembre à Décembre 1983 ont lieu les essais préliminaires sur quelques commutateurs téléphoniques tests pré-adaptés au Nouveau Plan de Numérotage à 8 chiffres à venir.
Les essais ont lieu entre le Grand Centre Interurbain PENTACONTA de Metz (MZ02) et le PENTACONTA de Paris-Philippe-Auguste 1 PC1 (AD31), via le Grand Centre Interurbain PENTACONTA de Paris-Poncelet (RT41 & RT42).
Les essais s'avèrent tous exempts de faute de principe dès Décembre 1983.
En 1984, pour être prêt le jour J, chaque commutateur téléphonique à autonomie d'acheminement, c'est à dire chaque commutateur d'abonnés, ou de transit, est éprouvé pour :
Ci-dessus : le Centre National de Coordination NNT2 de Murat (CNC).
Photographie PTT - Juin 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : le Centre National de Coordination NNT2 de Murat (CNC).
Photographie PTT - 1er août 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : le Centre National de Coordination NNT2 de Murat (CNC).
Photographie PTT - 15 mai 1985 - Coll. Orange-DANP .
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Ci-dessus : Tests en cours en 1984-85 sur le Commutateur CP400 Valognes (CA32). Premier Commutateur à servir de cobaye pour la Nouvelle Numérotation Téléphoniques à 8 chiffres à venir.
Photographies PTT - 28 janvier 1985 - Orange-DANP.
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Ces opérations préparatoires particulièrement fastidieuses donnent lieu à des mouvements sociaux dans l'Administration dont voici deux documents qui décrivent la situation :
En 1985, à la veille du nouveau plan de numérotation téléphonique devenu impérieux, la France est donc pourvue d’un plan de numérotage en vigueur depuis 1955 et ajusté dans l’urgence à plusieurs reprises depuis 1974.
La totalité des numéros nationaux d’abonnés comporte 8 chiffres, mais avec :
Ci-dessus : représentation du plan de numérotage de 1955 réaménagé en urgence entre 1974 et 1982, en vigueur jusqu'en 1985 à la veille de la Nouvelle Numérotation Téléphonique à 8 chiffres.
(Source : Revue Messages des PTT - 1985)
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Ci-dessus : l'abaque PTT-Opus-Hintzy distribué en 1985 au grand public concernant :
Coll. C. R-V
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À partir du 12 mai 1985, une campagne publicitaire télévisée de grande ampleur, qui aura coûté la bagatelle de 60 millions de francs, animée par l’immense journaliste et regretté présentateur Léon Zitrone à la diction légendaire est diffusée sur toutes les (quatre) chaînes de télévision françaises avec pour slogan « La France se modernise ».
Léon Zitrone est alors accompagné de la "petite Caroline", alors élève de 6ème à Trappes (78). Caroline eut par la suite l'occasion de visiter, avec sa classe, son Central Téléphonique le 23 juin 1986, notamment son CP400-POISSY (Trappes B1 (WF31)), son MT25 (Trappes B2 (WF32)) et son répartiteur, pour découvrir l'envers du décor.
Nous ignorons ce qu'est devenue cette jeune fille d'alors.
Ci-dessus : clichés exceptionnels du tournage d'un des spots publicitaires dans les studios de Boulogne-Billancourt (10ème film : renvoi vers l'aide-mémoire) - avec M. Léon Zitrone et la petite Caroline assez casse-cou.
Photographies Orange-DANP - 12 avril 1985 - régénérées par nos soins.
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Ci-dessus : le grand Léon Zitrone que l'on croyait immortel, n'eût-il point mérité une place à l'Académie Française ?
Photographies X - Mai 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : mot adressé au personnel par le Directeur Général des Télécommunications - Jacques Dondoux en Février 1985, afin que tous les fonctionnaires, de l'Agent de base jusques aux Directeurs, soient imprégnés de la nouvelle numérotation, pour un service au public irréprochable.
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Ci-dessus : visuel Opus-Hintzy pour l'Administration des PTT - 1985 - Coll. C. R-V.
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Les 4 Cartes Postales multilingues PTT de la Nouvelle Numérotation Téléphoniques à 8 chiffres -25 octobre 1985 - 22H00 en Temps Universel - en français, anglais, espagnol et allemand (Visuels Opus-Hintzy). Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : conférence de presse sur la Nouvelle Numérotation Téléphonique 2ème Phase (NNT2), dans le Centre National de Coordination de Murat.
Photographie PTT - 30 septembre 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : Centre National de Coordination de Murat, en début de soirée le 25 octobre 1985. dernières discussions, derniers points informels avant le début des grosses opérations.
Photographies PTT - 25 octobre 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : arrivée de M. le Directeur de la Production - Jean-Claude Mailhan dans le Centre National de Coordination de Murat (veston gris). Avec M. le Directeur Général des Télécommunications - Jacques Dondoux, ils "squattent" le bureau de Denis Fraysse.
Photographie PTT - 25 octobre 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Le 25 octobre 1985 à 23H00, tout se simplifie. Ce moment marque le passage à la numérotation à 8 chiffres dans l’hexagone. (autocollant PTT)
Le 25 octobre 1985 à 23H00, tout se simplifie. Ce moment marque le passage à la numérotation à 8 chiffres dans l’hexagone. (autocollant PTT)
Ci-dessus : l'Instant T du 25 octobre 1985 à 23H00.
Photographies PTT - 25 octobre 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : Léon Zitrone à 23H02, essaye de téléphoner à la petite Caroline (qui est au Ministère des PTT, 20 avenue de Ségur), mais il se trompe et tombe chez une dame âgée... Fou rire sur le plateau. Il réessaye et tombe enfin sur Caroline.
Photographies PTT - 25 octobre 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : Plateau TV-Direct au Centre National de Coordination de Murat, pendant la soirée du passage à 8 chiffres, le 25 octobre 1985 juste à 23H05, dans l'attente des premières informations sur la réussite du basculage dans le pays.
Photographie PTT - 25 octobre 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : apparition entre 23H08 et 23H10 des premiers résultats affichés sur les écrans de contrôle. Les premiers résultats sont favorables, tout le monde est soulagé.
Photographie PTT - 25 octobre 1985 - Coll. Orange-DANP.
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Ci-dessus : reportage télévisé FR3 en régions le soir du changement de numérotation 2ème phase - ici à Lyon, au centre téléphonique Lyon-Bachut dans les locaux techniques.
Photographies PTT - 25 octobre 1985 - Coll. Orange DANP
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Du 25 octobre 1985 - 20H00 au 26 octobre 1985 - 04H00, 22.000 agents des PTT sont mobilisés de nuit durant 8 heures d'affilée pour ce basculage historique concernant 23 millions d’abonnés et qui s’effectue en même temps sur tout le territoire dans les 1657 commutateurs téléphoniques d'abonnés. (une source CNET donne 1742 commutateurs : il s'agit sans doute de l'ajout des Commutateurs de Transit et peut-être des commutateurs Vidéotex/Minitel)
Lorsqu'il s'agit de Commutateurs électromécaniques, des interventions manuelles dans les organes traducteurs sont directement nécessaires :
Lorsqu'il s'agit de Commutateurs électroniques numériques, il faut basculer sur de nouveaux logiciels adaptés à la Nouvelle Numérotation Téléphonique :
Nota : aucune perturbation ne peut survenir pour les communications déjà établies et en cours de conversation. Seules les nouvelles communications demandées à l'instant T du basculement peuvent être rejetées, la probabilité demeurant très faible.
Dès le basculement enclenché, les tests commencent :
Ceci est la première fois dans le monde qu’un changement de numérotation se déroule simultanément à l’échelle entière d’un pays qui comporte alors 23 millions de lignes téléphoniques en service. L'ensemble des commutateurs téléphoniques du réseau est basculé à 23H50, soit en moins d'une heure, prouesse technique d'envergure lorsque l'on sait qu'ont été conservés un grand nombre de commutateurs électromécaniques crossbar.
Techniquement, la réussite se devait d'être au rendez-vous, car il faut savoir qu'il n'aurait pas été techniquement possible de revenir en arrière après le début de la mise en branle de l'opération...
L’opération baptisée d’abord « NPN » en Septembre 1984 pour Nouveau Plan de Numérotage est rapidement renommée « NNT2 » signifiant Nouvelle Numérotation Téléphonique - 2ème phase car cela était plus parlant pour l’oreille du grand public ainsi que pour les télécommunicants qui ne sont pas tous des techniciens de commutation.
L’opération, supervisée en direct depuis le Centre National de Coordination situé dans le centre téléphonique de Paris Murat par le Ministre-délégué chargé des PTT - Louis Mexandeau et par M. le DGT Jacques Dondoux, se déroule sans aucun accroc, ce qui fait l’admiration des télécommunicants des pays du monde entier.
Le 29 octobre 1985, M. le Ministre-délégué chargé des PTT - Louis Mexandeau déclare : « La nouvelle numérotation est une réussite technique incontestable confirmée. Réussite des hommes mais aussi des matériels français. Le service public a fait preuve de son efficacité industrielle, technique, commerciale et humaine. »
Les opérations préalables de préparation et d'adaptation des commutateurs téléphoniques électromécaniques et électroniques ont coûté 4,8 milliards de francs.
De fait, la France se retrouve divisée en seulement 2 zones téléphoniques distinctes, les anciens numéros régionaux à 6 (ou 7) chiffres intégrant alors leur indicatif AB (ou A) respectif. Cette nouvelle numérotation téléphonique permet de pouvoir attribuer au moins 50 millions de numéros téléphoniques ; elle est prévue pour durer une dizaine d'années.
Concernant la zone spécifique de Paris et 1ère couronne, les anciens numéros à 7 chiffres BPQ.MC.DU qui avaient comme indicatif de Zone Régionale de Numérotage (A) = (1) se sont vu changer le chiffre 1 pour le chiffre 4 pour devenir un numéro de téléphone au format 4B PQ MC DU. Les autres numéros d’Île-de-France ayant porté les indicatifs A (3) ou (6) ont simplement intégré leur indicatif respectif à leur ancien numéro régional. Désormais :
Le préfixe pour l’obtention des numéros internationaux, le 19, demeure inchangé. Les réseaux internationaux s’étant beaucoup automatisés à cette époque, l’international automatique est déjà devenu une réalité. L’abonné compose alors le 19, attend la tonalité spécifique du centre international, puis compose l’indicatif du pays suivi immédiatement du numéro de son correspondant à l’étranger. Ce changement de numérotation a mis fin au plan de numérotage régional « intermédiaire » à 6 chiffres de 1955 qui gaspillait les numéros téléphoniques attribuables en grande quantité. Ainsi en province comme en Île-de-France, désormais, chaque indicatif « départemental » (AB) peut être systématiquement combiné avec 90 PQ différents sans aucune contrainte.
La vie de ce plan était prévue jusqu’en 2015, mais entre temps, la demande téléphonique avait de nouveau explosé.
Nota : Jusqu'à l'avènement de ce nouveau plan de numérotage, les groupes de chiffres des numéros téléphoniques étaient séparés dans les annuaires des abonnés au téléphone par un point, tandis que depuis le passage à la nouvelle numérotation NNT2, ils sont désormais séparés par un espace.
(AB) PQ.MC.DU devient AB PQ MC DU, et (A) BPQ.MC.DU devient AB PQ MC DU
Ci-dessus : plan de numérotage à 2 Zones Régionales de Numérotation, à 8 chiffres chacune, et qui ne se chevauchent pas. En vigueur entre 1985 et 1996. La simplification est évidente.
(Source : Les Télécommunications Françaises, 1982, éd. Ministère des PTT)
Ci-dessus : explications sur le plan de numérotage NNT2 adopté le 25 octobre 1985 en France. (Il s'agit présentement du carton d'explication en vigueur alors dans les cabines téléphoniques publiques du réseau français) (Collection C. R-V)
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Ci-contre : pour ceux qui souhaitent plus de précisions sur la Nouvelle Numérotation à 8 Chiffres, je conseille vivement la lecture du livre Numéro s'il vous plaît écrit par Claude Pérardel en Octobre 1985, spécialiste de la numérotation et Directeur Régional des Télécommunications en retraite et N°2 de la Mission NPN en 1985.
Rédaction précise, grande technicité ; ni bla-bla ni langue de bois.
Disponible auprès de :
Association LORHISTEL, 22 rue de la Sapinière, 54520 Laxou.
Ci-dessus : M. le Secrétaire d'État chargé des Postes et Télécommunications - Gérard Longuet remet la Médaille d'Honneur des P et T (probablement Or) à M. le Délégué au Nouveau Plan de Numérotation - Denis Fraysse, suite au bon déroulement de l'opération.
Photographie PTT - 10 juillet 1986 - Coll. Orange DANP.
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Histoire des Télécommunications Françaises © Claude Rizzo-Vignaud, 27 mai 2023.